L’Homme au masque de fer
D’où vient l’énigme de l’Homme au masque de fer ?
Le mystère du Masque de fer est l’un des plus célèbres de l’histoire. Voltaire est le premier à évoquer cette légende. Il publie en 1751 le "Siècle de Louis XIV", où il affirme qu’on "envoya dans le plus grand secret, au château de l’île Sainte-Marguerite [...] un prisonnier inconnu". Ce prisonnier avait un "masque dont la mentonnière avait des ressorts d’acier, qui lui laissaient la liberté de manger avec le masque sur le visage. On avait ordre de le tuer s’il se découvrait". D’après Voltaire, "on ne lui refusait rien de ce qu’il demandait".
De multiples hypothèses ont été imaginées pour résoudre ce mystère, la plus célèbre faisant de cet inconnu un frère jumeau de Louis XIV, qui aurait été dissimulé pour éviter toute contestation sur le titulaire du trône. Alexandre Dumas a popularisé en 1850 cette légende dans son roman "Le vicomte de Bragelonne", relayé ensuite par Marcel Pagnol ("Le Masque de fer", 1965).

Louis XIV par Le Brun - 1661
A-t-on des preuves de l’existence du Masque de fer ?
Oui, il est fait mention de ce prisonnier dans les registres de la Bastille :
"Jeudi 18 septembre 1698, à trois heures de l’après-midi, Monsieur de Saint-Mars, gouverneur de la Bastille, venant de son gouvernement des îles Sainte-Marguerite, à amené avec lui dans sa litière un prisonnier qu’il avait à Pignerol, lequel est toujours masqué et dont le nom ne se dit pas" (Pignerol est une ville italienne).
"Lundi 19 novembre 1703, le prisonnier inconnu, toujours masqué d’un velours noir qu’il gardait depuis longtemps, s’est trouvé un peu mal hier en sortant de la messe. Il est mort aujourd’hui sur les dix heures du soir, sans avoir eu une grande maladie".

La Bastille
Quelle est la vérité ?
Aujourd’hui, la thèse la plus probable d’après les historiens est que l’Homme au masque de fer était un simple valet, Eustache Danger.
Arrêté en 1669, sans doute parce qu’il était au courant d’un important secret, Danger est mis en prison. On découvre qu’il a réussi à communiquer avec d’autres prisonniers. Pour minimiser ce qu’il a pu raconter, on fait croire aux prisonniers et aux soldats qu’il a été libéré, et que par conséquent il ne sait rien de bien important. Il est mis dans une autre partie de la prison, et on lui fait porter un masque quand il est en contact avec d’autres personnes.
Le gouverneur de la prison (qui deviendra par la suite gouverneur de la Bastille) monte alors une mise en scène et fait de fausses confidences pour alimenter les rumeurs et faire croire qu’il s’occupe d’un prisonnier important.
Quel était le secret connu par ce valet ?
On suppose que Danger était un valet au service d’Henriette d’Angleterre, belle-soeur de Louis XIV et soeur de Charles II, roi d’Angleterre. Il avait peut-être appris que Charles II voulait se convertir au catholicisme, alors que l’Angleterre était protestante. En effet, en 1670, Charles II signait le Traité de Douvres, dans lequel il acceptait de se convertir en Catholicisme, contre £200 000 versés tous les ans par Louis XIV. Charles souhaitait que le Traité - particulièrement la clause de conversion - reste secret.
Pourquoi ne pas avoir tué cet homme ?
Il n’y avait probablement pas de quoi condamner officiellement Danger à mort. D’autre part, le secret détenu par le valet n’était sans doute pas dangereux au point de vouloir l’assassiner.